Vera Songwe : l’économiste camerounaise qui veut lutter contre le « cancer » de la corruption en Afrique

(Agence Ecofin) – En 2015, lorsque le Financial Times classe Vera Songwe parmi les 25 Africains à suivre, l’économiste a 47 ans et n’est pas encore connue du grand public. Pourtant, en 2013 déjà, Forbes l’avait classée parmi les 20 femmes les plus influentes d’Afrique. Durant les 9 années suivantes, elle a occupé plusieurs postes au sein de la Banque Mondiale et est devenue la première femme à la tête de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA). En tête d’affiche dans la gestion économique de la pandémie et les négociations sur l’allègement de la dette africaine, Vera Songwe est devenue une personnalité incontournable dans les débats sur le continent. Passée par la Banque mondiale, interlocutrice des dirigeants sur les questions économiques du continent et militante de la lutte contre la corruption, l’économiste camerounaise est plus que jamais présente aux tables de négociations, mais également dans les médias. Cette exposition, qu’on peut qualifier de tardive pour un statut acquis depuis plusieurs années, vient confirmer les attentes suscitées par Vera Songwe. Il était une fois à Bamenda… Vera Songwe a très tôt côtoyé les responsabilités inhérentes à la gestion d’institutions de premier plan. En effet, pendant qu’elle grandit à […]
l’Institut AKILAH

Un réseau d’universités pour l’Afrique et l’Asie Depuis 2010, l’institut Akilah a formé plus de 2 000 femmes au Rwanda dans des domaines innovants. Forts de ce succès, les fondateurs américains ont décidé de lancer début juillet un réseau mondial d’universités, appelé « Davis College », en Asie et en Afrique. Objectif : former les prochains dirigeants aux enjeux du XXIème siècle. Créé en 2010 par deux Américains, Elizabeth Dearborn Hughes, et Brit Dave Hughes, l’institut Akilah a bouleversé l’enseignement supérieur traditionnel au Rwanda. Depuis bientôt dix ans, cette université privée, exclusivement réservée aux femmes, forme les futures dirigeantes du pays. « Nous les aidons à avoir confiance en elles en les dotant des compétences nécessaires pour occuper des postes à responsabilité. Nous leur donnons également des clés pour créer leur propre entreprise au Rwanda où l’économie est en forte croissante », détaille Aline Kabanda, directrice exécutive. Selon l’institut Akilah, plus de la moitié des étudiantes sont les premières de leur famille à suivre des hautes études, et plus de 60 % viennent de milieux ruraux. La plupart ont pu bénéficier de bourses importantes pour payer les frais de scolarité. Elles couvrent 25 % du coût d’une éducation à Akilah. « Nous collectons nos fonds […]
Francine NTOUMI

Francine Ntoumi, biologiste moléculaire de formation, engagée dès le début de sa carrière dans la lutte contre le paludisme, présidente de la Fondation congolaise pour la recherche médicale, se bat au quotidien sur le terrain et à l’international pour le développement de la recherche scientifique en santé au Congo-Brazzaville et sur le continent africain. En raison d’un contexte scolaire « balbutiant » à Brazzaville, les parents de Francine Ntoumi l’ont encouragé à venir étudier en France, où elle se retrouve à 15 ans, loin des siens, au Lycée Marie Curie de Sceaux, près de Paris. Après son doctorat, passé à l’université Pierre et Marie Curie à Paris en 1992, la biologiste s’interroge : « Quelle est la maladie qui tue le plus en ce moment ? Qu’est-ce qui peut être utile au Congo ? Le paludisme… ». Pour son post-doctorat, Francine Ntoumi intègre alors une équipe de l’Institut Pasteur : «…je suis tombée dans le bain de la passion de la recherche pour des solutions ! » se souvient-t-elle. Dans les années 1980, c’est la naissance de l’épidémiologie moléculaire, et la chercheuse expérimente à l’Institut Pasteur ces nouveaux outils pour étudier l’ADN des souches de paludisme en circulation au Sénégal et mieux comprendre les interactions hôte-parasite. Cet engagement la mènera à être […]
Felwine SARR

Felwine Sarr, né en 1972 à Niodior dans le Sine-Saloum, est un écrivain, économiste, universitaire et musicien sénégalais. Les médias français l’ont découvert avec son essai Afrotopia, paru au printemps, mais depuis une dizaine d’années le Sénégalais Felwine Sarr construit une œuvre singulière, originale dans sa forme et son propos, et extrêmement dense. Professeur à l’université Gaston-Berger où il dirige le Laboratoire de recherche en économie de Saint-Louis (LARES), l’organisateur des Ateliers de la pensée est avant tout un écrivain et un poète-philosophe. Il a écrit notamment Dahij (Gallimard, 2009) et Méditations africaines (Mémoire d’encrier, 2012), deux ouvrages inclassables et d’une richesse inépuisable, construits à partir d’aphorismes et de réflexions personnelles, à travers lesquels il livre une pensée à la fois intimiste et universaliste et nous amène à revenir sur ce qui fonde notre humanité et sur la manière dont nous souhaitons la construire. Lire aussi Felwine Sarr : « Les Africains doivent penser par eux-mêmes et pour eux-mêmes » Adepte des arts martiaux qui a fait sienne la maxime de Juvénal, « un esprit sain dans un corps sain », musulman qui a servi la messe enfant et s’intéresse au bouddhisme zen, sereer dans un univers majoritairement wolof qui parle français depuis son plus jeune âge, à 44 ans, Felwine Sarr sait mieux que quiconque que les identités sont […]
Léonora MIANO

Léonora Miano, née le 12 mars 1973 à Douala (Cameroun), est une femme de lettres camerounaise d’expression française. Entière, sans concession, Léonora Miano n’a pas peur de la confrontation ni de déplaire. Cette radicalité est salutaire. Elle nous tend un miroir et nous oblige à nous regarder en toute lucidité. L’image qui nous est renvoyée est peu glorieuse et nous confronte à notre histoire dans ce qu’elle a de plus sombre. Elle nous force à prendre conscience de nos limites et de nos préjugés. Vous, qui êtes blanc, avez-vous déjà pensé votre blancheur ? Et vous, qui êtes noir, pourquoi vous voyez-vous ainsi ? Pourquoi endosser cette désignation coloniale ? A partir d’une explication psychologisante de l’invention de la race, Léonora Miano renverse les perspectives habituelles et avance que les esclavagistes ont souhaité se blanchir des « ténèbres » qu’ils déversèrent sur le monde avec la déportation transatlantique d’hommes et de femmes qui jusque-là ne se considéraient ni comme Africains ni comme Noirs. Dès lors, « le Noir matérialise les ténèbres intérieures de celui qui mutile sa propre humanité en niant celle de l’autre » (L’Impératif transgressif, L’Arche Editeur, 2016). Née à Douala en 1973 et installée en France depuis le début des années 1990, Léonora Miano s’intéresse aussi bien dans ses romans, son théâtre que dans ses […]
Achille MBEMBE

Achille Mbembe, né le 27 juillet 1957, au Cameroun, est un théoricien du post-colonialisme, politologue, historien et enseignant universitaire camerounais. Il est sans doute l’un des plus brillants de sa génération. Invité dans le monde entier à donner des conférences, professeur d’histoire à l’université du Witwatersrand, à Johannesburg, mais aussi à Duke, à 61 ans, Achille Mbembe pense l’Afrique et sa « planétarisation ». L’auteur de Sortir de la grande nuit (La Découverte, 2010) ne cesse de le répéter : l’Europe a perdu son leadership international et dans cette reconfiguration économico-politique, c’est sur le continent que se dessine l’avenir de l’humanité. Mais, alors que les crispations identitaires se multiplient, que la lutte de tous contre tous fait rage et que les démocraties au nom de la guerre contre le terrorisme (Politiques de l’inimité, La Découverte, 2016) sont prêtes à remettre en cause leur fondement même, il est urgent de construire une Afrique tolérante, ouverte, créole. Une « Afrique-monde » où chacun, quels que soient sa religion, sa carnation, son genre ou son orientation sexuelle, puisse s’y épanouir pleinement. Spécialiste de la théorie postcoloniale sans pour autant s’en réclamer (De la postcolonie, Karthala, 2000), ce défenseur de l’afropolitanisme, héritier de Frantz Fanon, pose un regard acéré et sans concession […]
Souleymane Bachir DIAGNE

Souleymane Bachir Diagne est un philosophe sénégalais, né le 8 novembre 1955 à Saint-Louis (Sénégal). Professeur de français à l’université Columbia, c’est un spécialiste de l’histoire des sciences et de la philosophie islamique. A l’image d’Ali Benmakhlouf qui a écrit Pourquoi lire les philosophes arabes, Souleymane Bachir Diagne est l’un des penseurs africains les plus éminents de l’islam et de ses Lumières. Son ouvrage Comment philosopher en islam (éd. Jimsaan, 2014) rappelle que cette religion a produit une « tradition de libre-pensée » et que le débat pour un islam ouvert et philosophique a toujours existé. Il est même plus que jamais « vital que la pensée en islam mette en avant esprit critique et pluralisme ». Une thèse qu’il défend vaillamment dans des entretiens croisés avec Philippe Capelle-Dumont et publiés en septembre aux éditions Le Cerf sous le titre Philosopher en islam et en christianisme. Né à Saint-Louis en 1955, professeur à l’université Columbia de New York formé à l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm, spécialiste de l’algèbre de Boole et de logique, Souleymane Bachir Diagne s’intéresse tout particulièrement à la question de la traduction. A la suite des travaux menés par le Ghanéen Kwasi Wiredu, le Sénégalais affirme, dans un entretien paru dans la revue De(s) générations, que « passer d’une langue à l’autre permet de voir en quoi les problèmes philosophiques, […]
Kako NUBUKPO

Kako Nubukpo est un macroéconomiste togolais, né à Lomé le 26 mai 1968. Il a été ministre de la Prospective et de l’Evaluation des Politiques Publiques du Togo de 2013 à 2015. Le franc CFA est un frein à la compétitivité de l’Afrique et au progrès social : Kako Nubukpo en a fait son cheval de bataille. Déjà en 2007, avec son ouvrage Politique monétaire et servitude volontaire : la gestion du franc CFA par la BCEAO (éd. Karthala), il s’attaquait à cette monnaie unique qui maintient les anciennes possessions françaises dans un système de dépendance coloniale. Ce macro-économiste togolais, ancien ministre de la prospective et de l’évaluation des politiques publiques, qui a travaillé pour de nombreuses institutions internationales (BCEAO, Cirad, UEMOA, OIF) en est convaincu : les Etats africains doivent sortir du franc CFA et élaborer leur propre politique monétaire s’ils veulent pouvoir « parachever leur indépendance politique et renforcer les bases d’une transformation structurelle de leur économie ». Avec Martial Ze Belinga, Bruno Tinel et Demba Moussa Dembélé, il vient de publier, aux éditions La Dispute, Sortir l’Afrique de la servitude monétaire. A qui profite le franc CFA ? Une attaque en règle de ce qui paraît être le pilier d’une domination néocoloniale que d’aucuns estiment être relayée également par […]
Kwame Anthony APPIAH

Philosophe ghanéen né en 1954. Il s’intéresse notamment à la théorie politique et morale, à la philosophie du langage et à l’histoire culturelle africaine. Son œuvre pourrait sembler peu africaine et pourtant, c’est l’une des plus importantes et des plus significatives du renouveau de la pensée critique du continent. Résolument inscrite dans les traditions philosophiques occidentales, la réflexion de Kwame Anthony Appiah puise néanmoins sa source dans son histoire familiale et son double héritage culturel, ghanéen et britannique évoqués dès 1992 dans In My Father’s House (Oxford University Press). Le cosmopolitisme n’est pas seulement une question théorique, c’est une éthique et une pratique pour celui qui a grandi au Ghana avant de mener ses études supérieures en Angleterre et de s’installer aux Etats-Unis, où il a enseigné dans les plus prestigieuses universités. Ainsi qu’il le raconte dans Vers un nouveau cosmopolitisme(éd. Odile Jacob, 2008), Appiah s’est toujours efforcé d’obéir au vade-mecum de son père : « Souvenez-vous que vous êtes des citoyens du monde, et travaillez à le quitter meilleur que vous ne l’aurez trouvé. » Lire aussi La curiosité cosmopolite Etre citoyen du monde, c’est s’autoriser à être d’ici et d’ailleurs pleinement, à hériter de l’humanité entière et contribuer à l’enrichir de là où nous sommes. C’est concilier le singulier et l’universel, le différent et l’en-commun, c’est […]